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Extrait – Exodus – L’île d’Akarina

Ils n’auraient jamais dû s’entendre. Pourtant, ils vont tout risquer ensemble.
Parok cogne, Tasha pense. L’un vient des bas-fonds d’Hakakor, l’autre des bancs de l’académie.
Mais quand le royaume bascule dans la folie d’un pouvoir sans limite, tous deux doivent fuir pour protéger un secret ancestral que convoite déjà Marengon, le nouveau roi, avide de domination.

Au cœur de la jungle, parmi les Oopamas, un autre monde existe. Plus fragile. Plus puissant.
Et tandis que la Pensée grandit, la traque commence.

Entre violence, sagesse, trahisons et survie, ils devront choisir ce qu’il reste à sauver : un peuple, un savoir… ou leur propre humanité.

Premier tome d’une épopée fantasy haletante, entre fuite initiatique, tyrannie montante et légende en marche.

Comme mes supérieurs me trouvaient sérieux et courageux, ils me confièrent la formation des jeunes recrues. Elles progressaient vite, mon travail était apprécié. Quand le Prince Marengon n’était encore qu’un gamin capricieux que l’on pouvait fesser à coup d’épée de bois, le roi Antesis remarqua ma patience. Il me prit sous son aile et me nomma son Maître d’armes. À son âge, c’était l’occasion d’entretenir sa forme et sa souplesse. Le vieux monarque fit son possible, mais son corps ne répondait plus. Période bénie où, après quelques passes, j’avais ma journée, libre de courir les champs et les jupons. Perclus de douleurs, le roi préféra m’affecter au prince Marengon, son crétin de fils. Ce fut ma perte.

Le jeune prince s’abîmait dans des nuits d’ivresse, enchaînant querelles et duels. Une fois sa colère passée, on pouvait le distraire avec une fille ou une bouteille. La première risquait la mort, la deuxième, le vide… dans tous les cas, il finissait par tomber de sommeil et nous laisser tranquilles ! Pauvre de moi, chargé d’en faire un bretteur d’excellence. Les bons Maîtres d’armes étaient rares ! Et Kah sait pourquoi je me retrouvais dans les pattes de cet infirme de la vie !

Le roi Antesis n’ignorait pas que la Maison d’Argor tremblait à l’idée que son trépas abandonna la cité à la soif de pouvoir de son fils. L’inquiétude ne s’arrêtait pas aux portes d’Argor. Tout Hakakor voyait la succession approcher avec angoisse. La ville jouissait d’un calme qu’il avait fallu plusieurs siècles à établir. À la tête d’Argor, Marengon romprait cette harmonie et replongerait le pays dans un chaos dont personne ne sortirait gagnant. 

Le coup du sort prit la forme d’une courtisane, nouvelle recrue d’un lupanar où j’avais mes habitudes. La belle avait soigné ses plus jolis atours pour me séduire. Le peu de voiles et de soieries qui l’enveloppaient soulignait ses courbes voluptueuses. Ses bijoux mettaient en valeur le bleu de ses yeux, l’or de ses fards et le noir de ses cheveux. Son regard plongé au fond du mien aurait suffi à me plier à ses grâces. Elle poussa ses seins contre ma poitrine, glissa sa main entre mes cuisses. J’étais à sa merci. 

J’aurais donné une fortune pour la posséder, mais la belle voulait un esclave, pas un amant. Elle m’enchaîna à ses nymphes comme à une drogue, sûre d’attiser mon désir sans jamais le satisfaire. Au bout d’une danse qui dura plusieurs semaines, elle me retint au seuil de la folie. À la fin de sa sarabande perverse, elle me promit son corps.

Son prix était la mort de Marengon et je l’aurais payé cent fois. Le prince avait des ennemis dans tout Hakakor. Qui avait payé la belle pour me séduire et me réduire au rang d’assassin ? Je ne l’ai jamais su. Mais le jeu en valait la chandelle ! C’était presque trop facile. Une attaque mal portée passerait pour un accident. Je serais chassé, châtié, mais la vie m’attendait sous ses jupes…