Une plongée vertigineuse dans l’esprit d’un adolescent brisé, hanté par un passé d’horreurs innommables, et protégé malgré lui par une entité qu’il a lui-même engendrée… le Monstre.
Entre cauchemar éveillé et violence sourde, Jay lutte pour survivre, pour comprendre, pour respirer. Il n’est jamais seul — mais la présence qui l’habite ne connaît ni la peur, ni la pitié.
Dans cette dark romance psychologique et viscérale, chaque battement de cœur est une déflagration, chaque silence un cri.
Et si la seule façon de se sauver… était de devenir celui qu’on redoute le plus ?
— Tu es trop faible ! Laisse-moi prendre ta place ! Permets-le-moi et on sera libres ! J’irai te la chercher, ta petite blonde. Je trouverai un endroit où vous serez heureux, tu verras, m’assure-t-il.
Je me lève d’un bond, attrape mes cheveux et entame des va-et-vient pour tenter de me calmer, de le repousser ou, au moins, le réduire au silence, mais c’est impossible.
Puis-je lui faire confiance ? Tiendra-t-il ses promesses si je lui laisse le champ libre ? Et s’il foutait en l’air tous mes plans d’évasion et nous condamnait à la prison pour les quinze prochaines années ?
— Réfléchis ! Baker et Wilson t’ont trahi ! Il ne te reste que moi.
— Le docteur Wilson ne m’a pas trahi, il…
— Tu crois vraiment que ce type se soucie de toi, de nous ? me coupe-t-il. Réveille-toi, putain ! Il n’en a rien à cirer ! Il est là pour empocher une bonne paye en fin de mois, c’est tout. Tu t’imagines qu’il s’est battu en notre faveur ? T’es naïf, ma parole ! Je suis le seul sur qui tu peux compter ! Ça a toujours été nous contre le reste du monde et ce n’est pas près de changer.
Je suis perdu ! Je ne sais plus du tout quoi penser, toutes mes certitudes s’effondrent juste sous mes yeux.
— Jay ! beugle encore le Monstre, à voix haute, attirant mon attention ainsi que celle du thérapeute. Tu veux cette fille ? Tu rêves de liberté, pas vrai ? Alors tu dois me donner le contrôle de ta propre volonté et me laisser sortir, putain !
Oui, c’est ce que je désire ! Plus que tout au monde…
Épuisé, incapable de me débattre davantage, je cède. Je l’autorise à prendre ma place, à m’envahir totalement, sans opposition, aucune. La noirceur regagne ses droits, elle m’annihile jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une trace de moi.
Pour un moment, pour nous, ma petite blonde, je vais cesser d’exister. Mais je reviendrai, ma belle. Je reviendrai pour toi…