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Extrait Big Love – Aurore Vivet

couverture Big love Aurore Vivet

Et si aimer quand on se déteste relevait de l’exploit ?

Becca se juge répugnante. Elle hait son corps, son reflet, et chaque biscuit qu’elle avale est une guerre entre besoin viscéral et dégoût de soi.

Elle ne cherche ni l’amour ni l’amitié. Mais deux garçons, aussi différents qu’attachants, vont faire vaciller ses certitudes.

Avec une justesse rare, Aurore Vivet dépeint les troubles alimentaires, l’estime de soi et la violence du regard des autres dans un roman bouleversant de lucidité.

Entre larmes, sarcasme, sensualité et espoir, Big Love est une déclaration de guerre aux diktats, et une déclaration d’amour à toutes les âmes cabossées.

De gros yeux ronds globuleux. Un sourire sombre, digne d’un chat du Cheshire démoniaque. Une bouille faussement angélique en guise de visage.

Nous nous observons en chien de faïence. Je suis sûre que ce biscuit E.L. Fudge® sait pertinemment l’effet qu’il a sur moi. Démon tentateur, il me sait sur le point de craquer.

Tu sais que tu me veux, Becca, semble-t-il dire. Pourquoi lutter ?

Je me détourne et fais mine de l’ignorer. Mais je sens son regard dégoulinant de chocolat au lait posé sur moi.

Je me focalise autant que possible sur l’émission que diffuse mon écran de télévision. Un genre de série policière, je crois. Ou peut-être un truc de médium ? Aucune idée. Impossible de me concentrer avec ce biscuit elfique et toute son armée de diaboliques compagnons qui m’observent de leur petit air supérieur.

Nous sommes à croquer, Becca… viens donc nous sucer le chocolat !

Je grogne en me fustigeant de ne pas être foutue de me concentrer sur le poste de télévision plutôt que sur ces petits cons d’elfes.

Ouais, bien sûr, Becca, c’est grave la raison pour laquelle tu captes rien depuis presque une heure…

Je roule des yeux et grommelle en fronçant les sourcils. Foutues petites voix qui adorent me contredire !

J’y peux rien si tu kiffes te mentir, moi, je fais que rétablir la vérité. Tu manques de glucides, voilà ce que je crois !

Je lâche un ricanement amer.
— Si y a bien une chose dont je ne manque pas, c’est de glucides !

J’attrape le gras de mon ventre et tire dessus comme pour exhiber une preuve face à un tribunal composé de mauvaise foi.