
Un murmure dans les bois. Une bibliothèque mystérieuse. Une sorcière aux mèches bleues. À la croisée du conte et du frisson, ce roman envoûtant vous entraîne là où les histoires dévorent les lecteurs…
L’acéraie dégage un parfum sucré, une odeur de sirop d’érable très concentrée. Les autres arbres — châtaigniers, chênes et charmes — rivalisent de nuances chaudes, allant du chocolat au violet.
Mes bottines roulent sur les châtaignes et les noix, cachées sous cet édredon feuillu. Des amanites poussent en nombre, quasi invisibles au milieu de la pourpreur. Je surprends quelques salamandres glisser sans un bruit sur cette couverture humide, camouflées par leur peau jaune et noire.
À mesure que je m’enfonce dans l’acéraie, l’odeur de sirop d’érable, additionnée d’effluves de crème de marron, s’intensifie. Néanmoins, ce n’est pas ce suave parfum qui me pousse à continuer toujours plus avant.
C’est… autre chose. Une autre senteur bien plus douce à mes narines, et comme un chuchotis, un appel, un murmure qui me berce et m’enchante et m’attire.
Et plus j’avance vers le cœur de Feuillefauve, plus les troncs se resserrent, moins le Soleil parvient à filtrer, comme si les arbres, tout heureux de m’accueillir dans leur fournaise végétale, voulaient m’enlacer de leurs branches cramoisies.
Le sentier se dissimule sous l’humus rouge-orange, devient un simple filet, puis un goutte-à-goutte où se pose chacun de mes pas. Mais il est toujours là, le chemin, je le sais, je le sens.
Quand je me retourne, je devine la trace que je viens de suivre : aucun arbre ne pousse au milieu, et, si on regarde bien, on aperçoit la marque d’un passage.